vendredi 7 septembre 2012

Le Musée hors les murs. 5 : Le tondo Pitti.


Moulage du médaillon en bas relief de Michel Ange connu sous le nom de Tondo Pitti, représentant la Vierge, l'enfant Jésus et Saint Jean Baptiste, 19 rue de Fontenay, Sceaux, Hauts-de-Seine.


 Où nous identifions le moulage d'un bas-relief renaissant placé sur une maison Scéenne comme étant la reproduction du célèbre Tondo Pitti de Michel-Ange.










A cette époque, un ami de Michel-Ange le pressa de se rendre à Florence, où il pouvait obtenir du gonfalonier Pier Soderini un énorme bloc de marbre, que possédait l'œuvre de Santa-Maria-del Fiore, et qui avait été gâté jadis par la maladresse de Simone de Fiesole. Soderini balançait dans son choix entre Léonard de Vinci et Andrea Contucci de Monte-Sansovino, habile sculpteur, lorsque Michel-Ange se présenta, en promettant d'extraire du bloc une figure, sans qu'il fût besoin d'un seul morceau de rapport. Simone de Fiesole avait tenté de faire de ce marbre, haut de neuf brasses, une statue colossale; mais comme il ne put en tirer qu'une ébauche estropiée, il fut forcé d'abandonner son projet. Michel-Ange vit sa demande facilement accueillie, et commença aussitôt un modèle en cire représentant le jeune David, armé de sa fronde. Il se renferma dans un atelier qu'il se fit construire, à Santa-Maria-del-Fiore, et y acheva sa statue, sans permettre que l'on vînt visiter son travail. Le marbre manqua en certains endroits où l'on remarque encore plusieurs coups de ciseau de Simone. Michel-Ange fit là un véritable miracle, car il donna l'existence à un mort. Giuliano et Antonio San-Gallo, à l'aide d'une machine fort ingénieuse, transportèrent sans danger, en 1504, ce colosse sur la place dei Signori. Quelque temps après, Michel-Ange était occupé à opérer de légères retouches, lorsque survint le gonfalonier Pier Soderini, qui se mit à critiquer la grosseur du nez de David. Michel-Ange voyant que Soderini regardait son ouvrage de bas en haut, et que ce point de vue défavorable ne lui permettait pas de bien juger la chose, monta sur son échafaud, et ramassa adroitement de la poussière de marbre, qu'il laissa tomber sur son critique pendant qu'il faisait semblant de corriger le nez avec son ciseau; puis, se retournant vers le gonfalonier, il lui dit : « Eh bien! «qu'en pensez-vous maintenant? - Admirable! « répondit Soderini, vous lui avez donné la vie. » Michel-Ange descendit de son échafaud, en riant de ce docte magistrat, semblable à tant d'autres parfaits connaisseurs, qui parlent sans savoir ce qu'ils disent. Ce chef-d'œuvre éclipsa la renommée de toutes les statues modernes et antiques, grecques et latines, sans excepter le Marforio de Rome, le Tibre et le Nil du Belvédère, ou les Colosses de Monte-Cavallo ; car il offre un ensemble divin de grâce, de beauté, de perfection et d'élégance, que l'on ne saurait trouver ailleurs. Michel-Ange reçut quatre cents écus de récompense du gonfalonier, qui lui commanda un autre David en bronze, qui fut envoyé en France. Dans le même temps, il ébaucha deux bas-reliefs circulaires en marbre ; l'un, pour Taddeo Taddei, chez lequel on le voit aujourd'hui ; et l'autre, destiné à Bartolommeo Pitti, fut donné à Luigi Guicciardini, par Fra Miniato Pitti de Monte-Oliveto, amateur distingué et savant cosmographe.

Vie des peintres, sculpteurs et architectes par Giorgio Vasari, édition de 1841.





Médaillon en bas relief de Michel Ange connu sous le titre de Tondo Pitti, 1503, 85 cm de diamètre,musée du Bargello, Florence, Italie.






… dans le tondo Pitti, la tête de chérubin insérée dans la coiffure de la Vierge ( cet ornement symbolise la prophétie ). Or il se peut que Michel-Ange, plus mûr entre vingt-cinq et trente ans qu'à l'époque où il sculptait la Madonna della Scala, ait introduit à dessein ces petits motifs culturels pour faire admettre l'extraordinaire, la scandaleuse froideur avec laquelle il traitait un thème que les Italiens ne conçoivent que dans un climat de tendresse, de douceur, d'intimité chaleureuse. Ne devait-il pas justifier l'étrange monotonie de son obsession ? Reste que cette obsession éclate partout, que ces mères sont des fantômes qui errent hors de portée de ces enfants, dans la zone blême du néant sans retour. On remarquera en outre que quatre de ces œuvres ont été exécutées presque la même années, comme si une impulsion irrésistible avait contraint l'artiste à exorciser sa hantise ; et qu'après 1521, à l'âge de quarante-six ans ( il devait en vivre encore quarante-trois ), il semble avoir renoncé à ce thème, soit que l'exorcisme ait réussi, soit qu'ayant rencontré à Rome vers 1536 Vittoria Colonna ( née en 1490, elle était plus jeune que lui de quinze ans mais avait l'âge et joua pour lui le rôle d'une mère ), il ait pu satisfaire auprès d'elle un besoin de sécurité affective depuis toujours inassouvi.
L'arbre jusqu'aux racines, Psychanalyse et création,Dominique Fernandez, Grasset, 1972.





Bas relief de Michel Ange aux Musée des Offices, photo, épreuve sur papier albuminé, 41,5 cm de hauteur sur 31,8 cm de largeur, École des Beaux-Arts de Paris.





L'importance dans la carrière de Michel-Ange du Tondo Pitti - une oeuvre destinée à la dévotion privée - ne fut découverte que tardivement. Avec la Madone de Bruges (Bruges, Notre-Dame, 1504), le Tondo Taddei et le Tondo Doni, il constitue en effet une partie de la réponse au carton et aux recherches de Léonard sur le thème de sainte Anne. Probablement dans l'idée d'être plus proche de la peinture, Michel-Ange emploie le bas-relief dans un format circulaire, le tondo. Inventé à Florence au Quattrocento, il est traditionnellement destiné à un usage privé. Or, d'après Vasari, Michel-Ange « ébauche et ne finit » ni le Tondo Pitti ni le Tondo Taddei. Il les laisse dans un état inachevé, appelé « non finito », et qui a été rapproché par les historiens de l'art du sfumato de Léonard en peinture.
Intentionnel ou non, le « non finito » de Michel-Ange apporte une unité entre les personnages et leur environnement, ainsi qu'une forte impression de mouvement, l'une comme l'autre produites par la vibration de la lumière sur la pierre encore ébauchée. Cependant, en peinture, Michel-Ange ignore la technique de Léonard pour lui préférer, comme dans le Tondo Doni, un modelé très sculptural et des contours linéaires. [...] Si, dans le Tondo Taddei, le prototype de Michel-Ange est à rechercher dans les Madones de profil de Donatello, dans le Tondo Pitti, l'artiste reprend la composition pyramidale et la monumentalité des figures de Léonard.
En effet, la Vierge est assise au centre de la composition, le corps de profil, le visage de trois quarts face, elle tient ouvert sur ses genoux le livre sur lequel l'Enfant est accoudé. Sa tête est en très haut relief et dépasse du bord supérieur du tondo. Son visage aux traits fins, rectilignes, rappelle ceux du David et de Saint Pie (vers 1504, Sienne, cathédrale, chapelle Piccolomini). Son androgynie, ses vêtements et sa coiffure la rapprochent de la statuaire antique, des teste ideali (« têtes idéales ») et des sibylles de la chapelle Sixtine, accentuant ainsi l'aspect prémonitoire de la scène et l'importance de la figure de la Vierge.

Cécile Beuzelin, Exposition Léonard de Vinci au Louvre, 2012;





Moulage  ( État actuel ) du médaillon en bas relief de Michel Ange connu sous le nom de Tondo Pitti, représentant la Vierge, l'enfant Jésus et Saint Jean Baptiste, 19 rue de Fontenay, Sceaux, Hauts-de-Seine.






Moulage  ( État 2008 ) du médaillon en bas relief de Michel Ange connu sous le nom de Tondo Pitti, représentant la Vierge, l'enfant Jésus et Saint Jean Baptiste, 19 rue de Fontenay, Sceaux, Hauts-de-Seine.

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