vendredi 4 novembre 2011

Familles parisiennes 3






247 rue de Vaugirard, XVe ardt



Où l'iconographie des familles parisienne se complète sans prétendre être exhaustive tandis que l'on apprend comment la place de la femme dans l'assurance mutuelle ne coule pas de source. L'on remarque que les oiseaux font figure de famille parfaite, tandis qu'une vision morale de l'éducation exempte de religion peut exister. Enfin l'on découvre une bataille radiophonique et politique en 1937 et un grand monument aux Mères Françaises.





l. - Les devoirs de la Mutualité envers la Femme.

A. - La mutualité familiale
La mutualité a longtemps limité ses sollicitudes à l'homme, s'occupant de lui seul, le soignant malade, lui assurant pour sa vieillesse une pension viagère qui mourait avec lui, mais affectant d'ignorer ou plutôt ignorant sincèrement qu'il a une femme, des enfants, en un mot, une famille.
Or c'est chose grave pour une institution que d'ignorer la famille. L'individu évolue sans cesse : hier enfant, aujourd'hui adulte, demain vieillard. Une institution qui repose sur l’individu est en équilibre instable. De là, entre autres, la difficulté du fameux « pont » pour la mutualité scolaire. Au contraire, la famille, - la plus belle des associations, parce qu'elle est de toutes la plus naturelle, - la famille conserve à travers les âges son unité intacte : pendant que tout passe, elle demeure; elle répare ses pertes, et, avec de courts chaînons soudés bout à bout, elle fait une chaîne indéfinie qui relie les générations successives et rattache le présent au passé, comme à l’avenir. La molécule sociale, ce n'est pas l'individu, c'est la famille ; c'est elle qui est le véritable fondement des nations: c'est d'elle que dépendent leur décadence ou leur prospérité.
Ce qui est vrai pour la grande collectivité nationale l'est aussi pour la collectivité mutualiste. Aussi n'aurait-elle pu persister, sans un grave dommage pour elle, dans sa méconnaissance systématique de la femme et de l'enfant. Il s’est donc fait dans ce sens une première évolution à laquelle on ne peut qu'applaudir. La femme et l'enfant sont entrés dans la place, sous la forme de mutualités féminines, de mutualités mixtes et de mutualités scolaires.




Sartorio sculpteur, 1919, Raoul Brandon architecte, 1 rue Huysmans, VIe ardt





C'est bien, mais ce n’est pas assez. Ces groupes individualistes - ici sociétés de bambins, là sociétés de femmes - menacent l'unité de la famille et sa cohésion. N’avons - nous pas déjà contre elle bien assez de causes de dispersion - pour ne pas dire de désagrégation - sans y ajouter encore celle-là ? Organisée comme elle doit l'être, la mutualité peut donner à la famille un surcroît de force, et en même temps, par un heureux choc en retour, en recevoir elle-même un nouvel essor.
Pour atteindre ce but il ne s'agit pas de traiter la femme et les enfants, comme l’a été jusqu'ici le père, c'est-à-dire à l'état d’individus isolés, pris en eux-mêmes, constituant des catégories distinctes, mais de les regarder comme les parties de cet ensemble harmonieux, de ce tout qu’est la famille. En un mot, au point de vue individualiste il faut substituer le point de vue familial, prendre comme unité, non plus l'individu, mais la famille. Le père doit entrer dans la mutualité avec toute sa nichée, en la couvrant de son nom qui en est « la raison sociale », sauf à payer des cotisations proportionnées aux charges qu’il apporte, avec une bonification pour les familles nombreuses.




97 boulevard Raspail, VIe ardt






Cette idée se rattache à un principe si fort et si vrai qu’elle ne pouvait manquer d'être comprise et accueillie avec sympathie par les mutualistes. Depuis quelques années, elle fait parmi eux des progrès de plus en plus rapides et gagne chaque jour du terrain.
Le Congrès international de la mutualité, tenu à Paris en juillet 1900, a émis, sur mon rapport, un vœu formel pour la recommander. Elle est, en outre, implicitement prévue par les statuts modèles du Ministère de l'Intérieur dans leur article 31, ainsi conçu : « Tout membre participant, qui veut avoir droit pour sa femme et pour ses enfants âgés de moins de ans aux soins médicaux et pharmaceutiques, verse, à cet effet, un supplément de cotisation, égal : pour sa femme à...          ; pour chacun de ses trois premiers enfants, à...         ; pour chacun de ses autres enfants, à...        »
Beaucoup d'applications de cette formule ont eu lieu avec succès et le nombre s’en accroît sans cesse ; elle n’a rien d'utopique ; elle est légale et se présente sous le patronage du Congrès international. C’est donc avec une pleine confiance que les amis de la mutualité peuvent diriger leurs efforts de ce côté (l).

(l) Il faut remarquer que la mutualité familiale donne une solution toute simple et toute naturelle du « pont », puisque l'enfant, encadré dans la mutualité, y reste jusqu'à ce qu'il essaime pour fonder à son tour une nouvelle unité familiale.


3 rue du Vieux Colombier, VIe ardt






Il est d’ailleurs bien entendu que les sociétés de femmes gardent, même avec ce système, leur raison d'être et leur légitimité dans les cas où les femmes ou les jeunes filles sont chefs de famille, aussi bien que dans ceux où, abandonnées à elles-mêmes et privées de leur appui naturel, elles doivent prendre leurs intérêts en main. Il en est de même pour leur affiliation aux sociétés mixtes. Quand la famille est absente, l'individualisme s'excuse, si même il ne s'impose.
La femme, qui remplit les devoirs et subit les charges du père de famille, doit en exercer aussi les droits. C'est ce qui a lieu, par exemple, pour les élections consulaires. Rien de plus naturel que d'appliquer à la mutualité cette solution, qui, loin d'affaiblir le principe de la famille, ne fait que le consacrer.
En résumé, l'élément constitutif de la société de secours mutuels, sa molécule fondamentale, ce ne doit plus être l'individu, mais la famille avec tous ses membres anonymes groupés sous le nom du chef, sauf à comprendre sous ce nom la mère veuve et la sœur aînée qui élève ses frères et sœurs orphelins.

B. - La Mutualité Maternelle
Grâce à la mutualité familiale, la femme est soignée dans ses maladies ordinaires ; mais il reste à pourvoir à l'une de ses crises de santé, auguste entre toutes, puisque à cette crise se rattache la vie même de la nation : je veux parler de la maternité.







36 cours de Vincennes, XIIe ardt





Certes, à, ce moment, la femme mérite les soins les plus attentifs, je dirais presque les plus tendres, les plus filiaux, pour préserver, avec sa propre santé, celle de ce frêle petit être, qu’un souffle peut faire périr.
Est-ce bien ainsi que nous agissons ? Hélas ! non. Pressée par les besoins de sa famille, la pauvre mère poursuit son travail jusqu’au dernier moment, et le reprend avant d’être rétablie, ce qui délabre parfois a jamais sa santé, compromet la vie du nourrisson et tarit même pour l'avenir la sève de la famille.
De là, une mortalité excessive des jeunes enfants. Tous les ans nous en perdons 125.000 avant qu'ils aient atteint leur première année. Ces 125.000 morts annuelles ne causent pas une émotion publique, parce qu’elles sont disséminées dans autant de pauvres foyers, où elles apportent le désespoir de « Rachel,qui ne veut pas être consolée parce qu'elle a perdu son enfant ! » Mais, si l'on supposait cette hécatombe réalisée d'un seul coup dans quelque massacre par des hordes barbares, dans un grand incendie, dans un tremblement de terre, ou dans une éruption volcanique, quelle douleur universelle, quelle consternation dans tout le pays ! Lui aussi, il ne voudrait pas se consoler, parce qu’il pourrait ainsi mesurer tout ce qu'il perd par la destruction de cette semence d’autant plus précieuse qu’elle est plus rare.
Or cette perte n'est pas fatale et peut être atténuée largement, si on sait le vouloir. Des juges très compétents affirment que, tous les ans, nous pouvons sauver 40.000 à 50.000 enfants. Du moment où nous le pouvons, nous le devons. La mesure de notre pouvoir est celle de notre devoir et de notre responsabilité. Pour ce sauvetage, il faut organiser une grande croisade, dans laquelle doivent prendre place toutes les femmes de France et où la mutualité est appelée à jouer un rôle prépondérant.
Pendant longtemps elle avait refusé d'introduire dans ses rangs la femme, voyant en elle « une éternelle malade » qui compromettrait l'équilibre financier de la caisse. Elle est maintenant, en ce qui concerne les maladies ordinaires, revenue de ces préventions aussi injustes qu'inexactes ; mais elle les conserve encore, d'une façon générale, vis-a-vis de l'accouchement, que la plupart des statuts mutualistes excluent de tout secours.
Heureusement, là encore, il s’est fait, depuis quelque temps, au sein de la mutualité, une évolution bienfaisante en faveur des femmes en couches. Ce mouvement de sympathie a pris sa meilleure expression dans la mutualité maternelle,qui se concilie parfaitement avec la mutualité familiale et qui même en forme le complément nécessaire





Monument à Stéphane Tarnier, Angle rue d'Assas-avenue de l'Observatoire, VIe ardt





Monument à Stéphane Tarnier, Angle rue d'Assas-avenue de l'Observatoire, VIe ardt




Grâce à cette nouvelle organisation, que je ne saurais trop chaudement recommander, la femme reçoit tous les secours et les avis éclairés qu' exige son état, non seulement avant et pendant ses couches, mais encore pendant toute la période où elle allaite son enfant. L’on arrive ainsi à réduire la mortalité infantile dans des proportions inespérées. En présence de ces résultats éclatants, l'hésitation n’est plus permise et ce sera l'honneur de la mutualité que d'avoir su prêter si efficacement son concours a ce grand devoir de patriotisme et d'humanité.



19 rue Raynouard, XVIe ardt








45 avenue Reille, XIVe ardt




Nichées


Une allégorie de la famille et de son foyer assez répandue sur les façades des maisons parisiennes est la représentation d'oiseaux dans leur nid, scènes où souvent un adulte apporte la becquée aux oisillons, exprimant ainsi le labeur des occupants et leur souci de protection de leur progéniture. Cette image a un caractère poétique diffus, par l'introduction d'un sentiment de fragilité : on songe à la phrase « Vivre comme un oiseau sur la branche » qui colore ce symbole aviaire d'un aspect de précarité, ajouté à la faiblesse des oisillons, remplaçant les enfants joufflus habituels. L'idée de passage de témoin entre générations devient plus léger, mais aussi plus naturel, comme échappant à toute tentation de rappeler l'opération immobilière qu'est la construction d'un immeuble. Ensuite viendront les noms donnés aux villas de villégiature dans les années 1920, 1930 comme « Mon nid douillet »
André Fantelin




3 rue du Vieux Colombier, VIe ardt







41 rue du Val d'Osne, 1907, Ardouin sculpteur, Guyon et fils architecte, Saint Maurice (Val de Marne)






3 rue du Vieux Colombier, VIe ardt











LA FAUTE DES PARENTS


Les adeptes des diverses religions pensent trouver dans les principes directeurs de leur croyance les règles essentielles de la moralité. Cette idée, qu'ils vont répétant à toute occasion, s'est imposée avec la force d'un axiome, si bien que des gens détachés de toute foi admettent, à leur tour, que le mensonge de la religion peut être toléré parce qu'une croyance - même illusoire - est nécessaire à la direction de la vie morale. Que le peuple croie ! car la foi aveugle sera la base de sa moralité ! Disent-ils, sans même s'apercevoir qu'ils sacrifient la leur en dupant consciemment leurs semblables.



A gauche un couple sans enfant en pleine scène de ménage, à droite la famille féconde et harmonieuse, Église Saint Christophe de Javel, 4 rue Saint Christophe et 28 rue de la Convention, 1930, XVe ardt





Entraînés par le même raisonnement mal conduit, certains savants ont essayé d'établir sur les données de leur science particulière le dogme de la conduite humaine. Étrange erreur que d'attribuer à la biologie ou à la mathématique une vertu si haute. C'est de la conjonction de toutes les connaissances actuelles, de la synthèse de tous les faits que se forment d'eux-mêmes les principes, ou plutôt la méthode par qui s'établissent les modes d'action individuelle.
Les théories ne sont rien sans la connaissance profonde des causes qui les ont déterminées et des raisons qui les placent au centre d'une civilisation donnée ; l'humanitarisme, resté tout verbal chez Bonnot et ses acolytes, ne put les préserver des crimes les plus bas ; les principes de la pureté évangélique, prêchés en chaire par l'abbé Chassaing, ne l'écartèrent pas de la pire débauche.



A gauche la prostituée, à droite la famille chrétienne idéale, Église Saint Christophe de Javel, 4 rue Saint Christophe et 28 rue de la Convention, 1930,  XVe ardt




C'est pourquoi l'éducation morale des enfants ne doit pas commencer par l'énoncé de ces grands principes moraux, si souvent exprimés sous une forme banale, et dont le rappel incessant constituait durant l'enfance, une sorte de refrain énervant, bientôt pris en dégoût. Ils doivent être le résultat d'une lente initiation, la formule solennelle par où un esprit déjà mûri englobe les cas complexes et les règles vivantes auxquels se rallie son expérience. Pour l'enfance, qu'il nous suffise de créer des habitudes, d'imposer sans heurt des attitudes physiques et mentales qui formeront une sorte d'ambiance morale pour l'individu.
C'est à un préjugé très ancien que sont dues les négligences de l'éducation morale.
On s'imagine volontiers que la raison, l'instruction, les « grands principes » traceront à l'enfant les voies morales qu'il suivra pendant toute sa vie. Formules commodes pour se décharger soi-même de la contrainte journalière des règles de la vie supérieure: Les parents ne peuvent s'imposer la tenue et le langage qu'ils exigent de leurs enfants et leur irritation croit à se voir imités par les petits.
J'ai observé, tant dans les villages du Nord qu'à Paris et dans les petits bourgs de Provence, l'attitude dès parents à l’égard de leurs enfants.
Dès le berceau, ce qu'ils leur prodiguent, dès que leur humeur se trouve contrariée, ce sont les mots grossiers, et certains qualificatifs si mal séants qu'il me serait impossible de les rapporter ici. Écoutez vous-même, dans la rue, les propos tenus par ces parents soudain pris de colère, par ces nourrices ou ces bonnes d'enfants éloignées ; de toute surveillance, et vous verrez qui mérite le plus la réprimande des « gens d'âge » ou des enfants.





40 rue de Cronstadt, 1923, XVe ardt





Les colères s'allument, à chaque injonction que l'enfant - naturellement - ne comprends pas : les abus de pouvoir déconcertants s'affirment ; et rendus insensés par la fureur, les parents exigent que l'enfant ignore tout - même la langue qu'on lui parle - soit docile et soumis à des pensées souvent à peine exprimées.
L'enfant grandit, le vocabulaire injurieux lui devient familier et même indifférent. Pourtant, sa jeune volonté cède parfois à la révolte ; alors, on applique contre lui la loi du plus fort : les coups pleuvent. On dirait que l'enfance est condamnée, de par sa nature, à n'avoir sous les yeux que le spectacle de gens .en fureur. Loin de connaître leur devoir d'indulgence, de douceur, de volonté calme et réfléchie, les parents se dégradent par des colères insensées, une volonté aussi instable et capricieuse que celle de l'enfant, une férocité odieuse. Les femmes - qui devraient être toute bonté - sont souvent les plus acharnées.
Et cependant, tous aiment leur progéniture !
Je me souviens même des avanies que m'attira mon intervention indignée pour protéger des enfants malmenés à l'excès. On me traita comme un intrus, un sans- morale, un. contempteur de la famille, moi qui voulais attenter au droit sacré de châtier.
Poursuivez votre enquête dans la famille même. Vous verrez tous les bons parents, une fois les portes closes, abandonner la tenue que la vie en public leur imposait. Le débraillé du costume, la trivialité des gestes, le laisser aller des conversations où les dessous de la vie d'autrui sont étalés sans ménagement ni justice, constituent le fond des tableaux que la famille crée pour les enfants.





137 boulevard de l'Hôpital, XIIIe ardt








137 boulevard de l'Hôpital, XIIIe ardt







Souvent, le père aigri par la dureté de la lutte pour la vie, éveille dans les jeunes esprits les idées de haine et de désespoir ; il affirme dans le cercle familial les droits de cet égoïsme qui se développe toujours plus âprement dans la société.
Ainsi se façonnent les personnalités naissantes, ainsi se crée l'âme de l'enfant. Pour lui. la colère est une attitude héroïque, le débraillé un des signes de la supériorité des grands, l'injustice l'expression de leur force.
Armé de telle façon, l'enfant est alors mis en classe. A l'instituteur d'en faire un homme moral au jugement sain, à la tenue correcte, à la volonté calme et tenace. Infortuné instituteur ! Il entreprend une tâche aussitôt détruite par la famille. Il roule en vain le rocher de Sysiphe. L'un d'eux reçut un jour les plaintes d'une mère scandalisée par les mauvaises notes de son fils. Il répondit : « Madame, votre fils a une mauvaise tenue en classe parce que - j'en jurerais -- il se tient mal à table. »
Que chaque père fasse son examen de conscience, et s'il peut affirmer n'avoir jamais montré à son fils un visage courroucé, n'avoir jamais laissé échapper des paroles déplacées devant lui. ne s'être jamais départi d'une attitude correcte, alors tout son devoir d'éducateur est rempli. Il peut se reposer, sa journée faite. Mais combien y en a-t-il de ces parents à l'humeur toujours égale, à la parole ferme et douce, à la sagesse bienveillante ? Quelle femme peut se dire une vraie éducatrice ?






Monument à Eugène Carrière, Sculpteur Jean René Carrière, Henri Sauvage architecte place Constantin Pecqueur, XVIIIe ardt




Mais, dira-t-on, c'est l'éducation des grands qui est à faire. Certes. Par et pour l'enfance nous devons tendre à élever notre moralité, car nulle besogne plus haute que de former une conscience en progrès sur la nôtre ne nous est départie.
Qu'on ne l'ignore pas. Si les religions ont jamais joué un rôle moral, c'est qu'elles s appliquaient à réglementer la vie des hommes, depuis les pratiques de l'hygiène jusqu'à l'imposition de la domination de soi même.
Nous qui savons plus qu'elles n'enseignaient et qui connaissons le mécanisme du corps et de la pensée, les fins poursuivies par la vie sociale, ne pouvons-nous construire les règles de la conduite morale, choisir nos gestes, nos paroles, nos actes et fixer leur valeur, pour parvenir à créer une race d'hommes plus forte, plus consciente et plus heureuse que la nôtre ? A défaut de l'énergie, le père et la mère ne sauront ils trouver dans l'amour paternel les moyens d'atteindre à cet idéal ?

J.-M. LAHY,
Chef de Laboratoire à l’École des Hautes Études.
Le Libre penseur de France et de la libre pensée universelle, Journal Anticlérical de Défense Socialiste, Républicaine et Laïque, 1er décembre 1913











La famille réunie à l'écoute de la radio. Beffroi municipal, Avenue de la République, Sculpteur Louis Sajous, 1933, Montrouge (Hauts-de-Seine)





Les élections radiophoniques. Un troisième tour?

Un troisième tour des élections en février 1937 ? C’est ce que laissait entendre I 'Humanité, deux mois plus tôt : « Les élections aux Conseils de gérance vont avoir lieu. Elles doivent être l’occasion pour le peuple de France qui a, en mai 1936, mis la réaction en échec, de lui infliger une nouvelle défaite ».
Ces élections revêtaient une réelle importance. La radiodiffusion l’emportait sur les journaux qui avaient les plus forts tirages. En 1937 on comptait 4164000 postes déclarés. Or le développement de ce nouveau moyen d'information s’était accompagné d'un essai de démocratisation. En février, les auditeurs devaient donc élire le tiers des membres des Conseils de gérance chargés de la composition et de la réalisation des programmes. Les pouvoirs de ces Conseils avaient été limités par un décret en octobre 1936 ; cependant la consultation de 1937 représentait un enjeu important, d’autant que le Front populaire avait contre lui la majorité de la grande presse. Les deux mouvements qui s’affrontent dans la campagne donnent à ces élections un caractère politique.
L'association Radio-Liberté regroupait les partisans du Front populaire. Elle avait été constituée en décembre 1935 sous la présidence d’Édouard Daladier. L'Œuvre, le Populaire et I’Humanité avaient célébré à l'envi sa naissance. Le journal socialiste avait écrit qu’il s'agissait de « défendre la liberté de la radio..., de grouper tous les sans-filistes qui souhaitent une radio libre, impartiale et humaine ». Le quotidien communiste, par la plume de Vaillant-Couturier, expliquait que Radio-Liberté entendait défendre, « sans distinction de parti ou de confession, les millions d’auditeurs désireux de voir se développer en France une Radio libre et sincère... » Il dénonçait les puissances d’argent qui dirigent la Radio en France, il protestait « contre cette dictature de fait, intolérable aux esprits libres ».
Plus de deux cents sections s'étaient constituées depuis la fondation de Radio-Liberté. À l'occasion des élections de 1937, le mouvement réclamait non seulement une revue de presse impartiale, mais encore un moment d'antenne pour les chefs des grands partis politiques et pour les dirigeants des organisations économiques et sociales. Radio-Liberté avait aussi des revendications d’ordre fiscal, la suppression de la taxe pour les chômeurs et les grands invalides de la guerre et du travail, sa réduction pour tous. L’Humanité, plus que les autres journaux de gauche, s'efforçait de mobiliser ses lecteurs en vue des élections. Le 4 janvier 1937, un article, vantant Radio-Liberté, portait en sous-titre: « En avant vers les 100 000 membres. » On pouvait lire: « L'objectif que s'est fixé Radio-Liberté : 100 000 adhérents, peut et doit être rapidement atteint... On sait le rôle toujours plus important que joue la radio dans la vie, c'est dire que nous devons tous accorder une attention particulière à cette nouvelle forme d'expression de la pensée, à ce puissant moyen de liaison, d'instruction et de distraction ».
(...)
L'hebdomadaire Choisir soutenait Radio-Famille. Son rédacteur en chef, Henri Thévenin, écrivait sous le pseudonyme de jean Morienval : «Nous nous tiendrons sur le terrain de la radio. » Il expliquait que Radio-Famille n'était ni un mouvement politique ni un mouvement confessionnel. Les listes Radio-Famille n'en recevaient pas moins, en plus de l'appui des évêques, celui de la Fédération protestante de France ainsi que celui de l'extrême-droite et du P.S.F.
Quant au Pèlerin, sous le titre: « Encore une liberté à défendre : la radio », il publiait « C'est pour la propreté des ondes, contre l'asservissement de la radio officielle, que se sont constituées les associations Radio-Famille. » À la veille des élections, pour engager ses lecteurs à voter, le R.P. Guichardan montre un éditorial ce que deviendrait la radio si les listes de Radio-Liberté l'emportaient. Son article s'intitule « Un soir en 1940 ». Il présente un père de famille qui « s'énerve devant son poste ; toutes les émissions sont mauvaises et il envoie ses enfants au lit: «  Et quand, avec toute la famille, il fut à genoux devant le crucifix pour la prière du soir, il se souvint qu’en 1937, exactement le 20 février..., il y avait eu des élections pour les conseils de gérance des postes de T.S.F. et qu'il avait dit: Bah ! Après tout, je m'en f... ! Vote qui veut ! Moi je ne me dérangerai pas pour ça! Il ne s'était pas dérangé. Il avait économisé une demi-heure dans sa vie. Mais maintenant il n’osait plus se servir de son poste de T.S.F., surtout devant les enfants. Les listes de communistes de Radio-Liberté avaient été élues : et aujourd’hui, sur tous les chemins des ondes coulaient, impitoyables, la politique rouge... l'anticléricalisme de Moscou, l'impureté et la boue ...»

1936 : Les catholiques et le Front populaire, Paul Christophe, 2001.

Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Partie centrale



DE NOS JOURS

1920

L'année 1920 a dé particulièrement favorable à la famille nombreuse.
Le 22 janvier 1920, proposition de M. A. Chéron, député, tendant à l'accroissement de la natalité. Il envisageait un régime d'assurances aboutissant au versement de sommes au mariage et à la naissance
Un décret du 27 janvier 1920, instituait un organisme permanent, devant se réunir à dates fixes, disposant de moyens d'enquête et de publicité suffisants, ayant pour mission d'étudier toutes les questions relatives à la natalité, aux familles nombreuses.
Article Premier - Il est crée au Ministère de l’Hygiène, sous la présidence du Ministre, un Conseil Supérieur de la natalité. (30 membres, désignes par le Ministre, se réunissant au moins une fois par mois.)
L'art. 7 instituait dans chaque département, une Commission départementale de la natalité, chargée d'examiner toutes tes mesures susceptibles de combattre la dépopulation, d'accroître la natalité, de développer la puériculture et de protéger et honorer les familles nombreuses. Cette Commission doit présenter au Conseil Supérieur, un rapport semestriel sur ses travaux.
L'art. 8 en fixe la composition préfet, président, l'inspecteur d'académie, le directeur et la directrice des écoles normales, 3 membres du Conseil général élus par leurs collègues, et 6 membres désignés par le préfet, dont 3 au moins choisis parmi tes pères de familles nombreuses.
(…)
Le 7 février 1920, l'Alliance nationale. décidait d'organiser une Journée nationale des mères de familles nombreuses. Le but était, non seulement de venir en aide à ces familles, mais de les honorer, de les remercier au nom de la Patrie. Elle était fixée au 9 mai 1920. - Dans nombre de villes, elle a eu lieu après cette date. Le Gouvernement lui avait accordé son concours ( circulaires de l'intérieur, 8 mars 1920, et de l'Hygiène, 21 avril 1920 ). Elle avait également obtenu l'approbation de la Commission d'assurance et de prévoyance sociales de la Chambre, les sommes recueillies ( 3.000.537 francs, pour 999.755 francs de frais, soit nets, 2.000.782 francs ),ont été centralisées par un Comité de répartition nommé par le Ministre de l'Intérieur
La famille nombreuse dans l'histoire et de nos jours, Louis Boucoiran, 1921.




Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Partie centrale gauche
Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Partie centrale milieu




Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Partie centrale droite


Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Groupe de gauche face
Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Groupe de gauche dos

Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Groupe de droite face
Monument "Aux Mères Françaises" 21 bld Kellermann, 1938, Henri Bouchard
et Alexandre Descatoire sculpteurs, XIIIe ardt, Groupe de droite dos

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